jeudi 10 octobre 2013

« LHRRAAGA »



Au Maroc, ils sont appelés « lhrraaga ».[1]
Les « brûleurs ».
Ce sont des personnes qui tentent, à partir du Maghreb,[2] à bord d’embarcations de fortune,[3] de quitter l’Afrique, pour atteindre l’Europe[4] où ils sont considérés, lorsqu’ils y arrivent,[5] comme « clandestins ».[6]
« Brûleurs » parce que avant de se lancer dans cette tentative d’atteindre des côtes européennes, ils brûlent tous les documents qui peuvent permettre de les identifier et donc de les expulser vers les pays de départ.
Des pays où sévissent des régimes fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la torture, l’enfermement, la négation de l’être humain.
Avec ces régimes, pour les populations qui y subissent les horreurs, l’Afrique est un bagne, un continent où la merde gicle et dégouline de partout.
Nauséabonde.
L’esclavage a fait des ravages.
Le colonialisme n’a rien épargné.
Le système colonialo-impérialo-sioniste continue d’alimenter, d’entretenir et de répandre les ordures et la pourriture.
Les régimes mis en place par ce système, sont tenus de tout mettre en œuvre afin de servir les intérêts de leurs employeurs, qui parfois s’en débarrassent, pour les remplacer par leurs semblables en ayant recours à un « autre » discours destiné à maintenir la confusion et la manipulation.
Ces employeurs, qui connaissent mieux que quiconque leurs employés et qui n’ignorent rien de leurs pratiques, savent qu’ils sont assoiffés de sang, d’argent et de vices, qu’ils sodomisent et massacrent des hommes, violent, méprisent, humilient et tuent des femmes, s’adonnent à la pédophilie et font disparaître des enfants.
Ce qui a été appelé « l’indépendance dans l’interdépendance »,[7] « la révolution » ou la fin de l’apartheid, n’a pas débarrassé les « indigènes » de l’asservissement, des persécutions, de l’oppression, de l’exploitation, de l’arbitraire, des enfermements, des tortures, des humiliations, des vexations, des injustices et autres.
Les criminels mis à la « tête » des « États » d’Afrique ont des comptes bancaires partout, des lingots d’or, des pierres précieuses, des bijoux de grande valeur, des fermes modèles, des haras, des propriétés immobilières sans nombre, des résidences dans les « grandes capitales » et au bord de « plages pour milliardaires », des palaces, des tableaux de peintres de renom, des cabarets, des boîtes de nuit, des salles de jeu, des restaurants, des voitures luxueuses, des avions, des bateaux.
Ils affament et détruisent avec l’appui de leurs employeurs, investissent dans les lieux de la débauche, se font livrer par vols entiers des débauchés dits stars, artistes et autres, des alcools et des drogues à profusion, des mets pour « civilisés » que les « barbares » ne connaissent même pas de nom, raffolent de sexe sans frontières et de partouzes.
Ils salissent et souillent tout, recourent à la dépravation, à la censure, aux usurpations, aux falsifications, aux trafics, aux trahisons, aux tromperies, aux tricheries, aux enlèvements, aux séquestrations, aux emprisonnements, aux supplices, aux liquidations, aux tueries, aux massacres et autres à des degrés inimaginables.
Les « empires coloniaux » ont peut-être disparu, mais pas les effets du colonialisme.
Le système colonialo-impérialo-sioniste a imposé à des populations entières de par le monde de chercher des moyens de subsistance dans des conditions, le plus souvent, atroces.
Beaucoup parmi elles, rurales, se sont trouvées dans des faubourgs de villes nouvelles coloniales, contraintes de s’adapter à des modes de survie dans des bidonvilles.
Ces populations ont connu la transplantation forcée dans leur pays d’origine, avant qu’elles ne soient poussées à le quitter parfois pour fournir la main d’œuvre, taillable et corvéable à merci, dont les métropoles avaient besoin.
Le processus migratoire ne peut pas être compris en occultant l’histoire de la transplantation d’êtres de sociétés rurales, d’êtres colonisés, maintenus dans l’ignorance, dépossédés, sans moyens, dans des sociétés industrialisées qui par de multiples mécanismes ont imposé et imposent leur domination.
Les pays d’Afrique restent pour les employeurs des réserves de matières premières et de main d’œuvre, des marchés pour tout écouler, des points stratégiques pour les militaires, des terrains d’expérimentations des armements, des lieux de pédophilie et autres « loisirs pour touristes », des dépotoirs multiples et variées et des décharges d’immondices.
Ces pays sont dotés d’une armée et d’une police très opérationnelles pour les oppressions et les massacres des populations.
À cet effet, le système colonialo-impérialo-sioniste leur vend les armes nécessaires et se charge de la formation.
Ces armes sont vendues au prix fort par ce trafiquant, qui alimente, oriente, entretient et contrôle les conflits armés entre ses employés.
Doté d’avions bombardiers des plus performants dans les exterminations, d’une flotte maritime pour les agressions, d’innombrables chars de carnage, de missiles, d’équipements militaires les plus récents, d’armements sophistiqués, d’armes nucléaires, le système colonialo-impérialo-sioniste répand la terreur.
Dans ce domaine, une certaine « préséance » est reconnue à la France en Afrique, qu’elle continue de considérer comme sa « chose ».[8]
Depuis un certain temps, l’Europe ne veut plus que ces « hrraaga » émigrent pour atteindre « la forteresse ».
Elle fait tout afin d’empêcher leur venue, mais ces « brûleurs » sont décidés à tout faire pour s’évader du bagne d’Afrique.[9]
Ils n’ont rien à perdre.
Ils continuent de mourir pour fuir ce qu’ils ne peuvent plus supporter.
Afin de les contenir, l’Europe verse des sommes énormes à ses employés [10] pour qu’ils usent de tous les moyens de rétention.
Par ailleurs, en plus des possibilités illimitées de chaque État d’Europe, l’Union Européenne a mis en place une force[11] avec des avions, des hélicoptères, des navires et autres, destinés à renforcer « la forteresse ».
Le jeudi 3 octobre 2013,[12] un rafiot a fait naufrage, encore une fois, au large de l’île italienne de Lampedusa,[13] entraînant la mort de centaines de personnes, qui s’ajoutent aux milliers d’autres naufragés[14] dans la mer contrôlée par cette Europe où ils rêvaient de survivre plus décemment que dans le bagne d’Afrique.
Les criminels installés à la « tête » des « États » d’Afrique s’en foutent bien sûr.
Complètement.[15]

 BOUAZZA


[1] Lhrraaqa, alharraaqa (hrraaga, hrraaqa) pluriel de lhrraag, alharraag (hrraag, harraaq) du verbe haraqa en arabe, qui signifie brûler (les r roulés).
[2] Afrique du Nord, mais des personnes viennent d’autres régions d’Afrique et partent aussi d’autres régions.
[3] Dites pateras en Espagne.
[4] La forteresse.
[5] Ce qui n’est pas toujours le cas.
Et avec ce phénomène, la mer devient synonyme de cimetière pour beaucoup de familles.
[6] Émigration clandestine
[7] Statut octroyé par le système colonialo-impérialo-sioniste, et qui s’est traduit dans les colonies par la multiplication des "États" supplétifs, subordonnés avec plus ou moins de zèle, de soumission et de servilité dans l’exécution des ordres des métropoles et autres employeurs.
[8] Ce qui ne signifie pas que les autres métropoles se contentent de regarder .
[9] Cette main d’oeuvre continue d’essayer d’arriver alors que souvent, la mort est au rendez-vous.
Elle veut atteindre la forteresse, même s’il n’est plus fait appel à elle, car elle n’arrive pas à se débarrasser de la merde qui gicle et dégouline de partout au bagne d’Afrique.
[10] Qui profitent par ailleurs des réseaux des passeurs s’enrichissant des sommes de plus en plus élevées que versent les candidats à l’évasion, que ces passeurs envoient à la mort.
[11] Frontex.
[12] Selon le calendrier dit grégorien.
[13] Isola di Lampedusa, entre l’île de Malte et la Tunisie.
[14] Le but ici n’est pas de fournir les divers chiffres relatifs à ces naufrages.
Je ne fais que reprendre ce dont j’ai déjà parlé.

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