lundi 28 octobre 2013

L’EGO PREND MILLE ET UNE FORMES



J’essaye d’entretenir une sorte d’échange entre nous, mais cela ne marche pas.
Ma dernière lettre est restée sans réponse.
D’autres auparavant, il y a de cela un certain temps déjà, sont également restées sans réponse.
Pourquoi alors chercher « ce qui ne marche pas » ?
Parce que je souhaite « que ça marche ».
C’est inutile ?
L’Islaam[1] enseigne qu’il faut faire de son mieux pour persévérer dans la bonne Voie.
Il y a certainement des raisons qui te poussent à mettre un terme à l’échange entre nous.
L’une de ces raisons est peut-être liée à la franchise dans ma façon de faire, franchise qui « malmène », entre autres, ce qui a trait au nombrilisme.
Tu crois, cher frère, que tu n’as plus de problème avec ton ego et tu l’écris.
Mais l’écrire n’est pas suffisant.
L’ego est une pathologie persistante qui prend mille et une formes et dont il n’est pas simple de se défaire.
Il se niche partout et peu de personnes ont la chance de bénéficier de la guérison.
Comme pour d’autres pathologies, les « professionnels » soignent, mais c’est Allaah qui guérit.
Qu’Allaah nous guérisse.
Qu’Il nous aide à comprendre Son Message et à faire de notre mieux pour bénéficier de la modestie et de l’humilité qu’Il nous enseigne.
Modestie et humilité qui n’ont rien à voir, bien sûr, avec le manque de détermination et le laxisme.
Allaah, dans Son infinie générosité, a accordé à Ses Envoyés sur eux la bénédiction et la paix, des possibilités qui n’ont pas été accordées à d’autres.
C’est ainsi, par exemple, qu’Il a permis à Son Envoyé Soulaymaane[2] sur lui la bénédiction et la paix, de connaître ce que ne connaissent pas d’autres.
Mais les pouvoirs accordés par le Seigneur des univers,[3] sont en même temps destinés à nous enseigner la modestie et l’humilité.
Un jour, Soulaymaane sur lui la bénédiction et la paix, qui connaissait le langage des fourmis, était en marche avec ses armées lorsqu’il a entendu une fourmi dire :
« Ô fourmis, rentrez dans vos habitations sinon Soulaymaane et ses soldats vous écraseraient sans s’en rendre compte ». Il sourit, amusé par ses propos[4] et dit : « Mon Seigneur, permets-moi d’être reconnaissant pour Ton Bienfait dont Tu m’as comblé moi et mes parents,[5] et que je fasse une bonne œuvre que Tu agrées et fais-moi entrer par Ta Miséricorde, parmi Tes serviteurs vertueux ».[6]
Allaah, dans Sa miséricorde, a doté aussi la fourmi de connaissances importantes.
Il nous appartient, cher frère, de nous imprégner de cet enseignement, pour apprendre la modestie et l’humilité.
Enfant, en 1960[7] je crois, c’était le début de notre installation à Lkhmiçaate,[8] j’aimais observer les fourmis.
Des fourmis rouges s’activaient sous un soleil printanier.
Je me sentais bien dans le jardin de la maison que nous occupions.
Une maison de fonction, située dans le « quartier administratif », un peu en retrait par rapport au reste de l’agglomération.[9]
Comme tu le sais, avant « l’indépendance dans l’interdépendance »,[10] les maisons de ce quartier étaient occupées par des familles colonialistes de France.
Le jardin contenait des géraniums, des bougainvillées, un mimosa et autres.
Il y avait aussi deux grands palmiers qui donnaient de petites dattes.[11]
Je me souviens avoir planté des haricots et des pastèques.
Pour les premiers, le résultat était satisfaisant.
Il ne l’était pas pour les seconds.
Les claquements des becs des cigognes dans les nids sur le toit de la maison et sur ceux des maisons avoisinantes, m’étaient familiers.
Je confectionnais avec des bâtonnets en roseau et des bouts de chiffon, une sorte de « gardien » que je plaçais non loin de l’entrée de la fourmilière et je passais un long moment à observer les fourmis pour lesquelles j’ai toujours eu beaucoup d’intérêt.
À quoi je rêvais ?
Je ne sais pas.
Ce que je sais, c’est qu’à l’époque je ne connaissais pas « sourate Annaml ».
Qu’Allaah nous éclaire et nous guide.[12]

 BOUAZZA


[1] L’Islaam depuis Aadame (Adam) sur lui la bénédiction et la paix, consiste à faire de son mieux pour Adorer Allaah, comme Allaah le demande.
[2] Salomon sur lui la bénédiction et la paix.
[3] Rabb al’aalamiine.
[4] Les propos de la fourmi.
[5] Mère et père.
[6] Alqoraane (Le Coran), sourate 27 (chapitre 27), Annaml, Les Fourmis, aayate 18 et aayate 19 (verset 18 et verset 19).
[7] Selon le calendrier dit grégorien.
[8] Khémisset.
Cette ville a marqué pour moi le début de la vie en pension.
[9] C’est à cette époque je pense, que tu as quitté le Maroc pour continuer tes études en France
[10] Statut octroyé par le système colonialo-impérialo-sioniste, et qui s’est traduit dans les colonies par la multiplication des "États" supplétifs, subordonnés avec plus ou moins de zèle, de soumission et de servilité dans l’exécution des ordres des métropoles et autres employeurs.
Ces "États" sont fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture, l’enfermement, la négation de l’être humain.
[11] Ablouh.

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