Elle a remplacé ma mère lorsque
j’avais à peine trois ans.
C’était la troisième épouse de
mon père.[3]
À
son mariage avec lui, elle avait seize ans.[4]
J’ai parlé d’elle à plusieurs
reprises,[5] en
notant qu’elle a toujours tenu à paraître comme l’épouse modèle d’un époux
intègre, sérieux, honnête, loyal et autres.
Elle savait que mon père n’était
pas ainsi, mais elle a tout fait pour cacher les fissures, colmater les
brèches, camoufler les risques, travestir la réalité, jusqu’au moment, dans les
années quatre-vingts, où l’édifice s’est effondré au grand jour, lorsque l’époux,
à plus de soixante ans, est allé vivre avec une jeune épouse.[6]
« Khtii Malika » n’a donc
pas pu échapper à ce qui a toujours constitué sa profonde et terrible peur, son
obsession, sa hantise, son cauchemar : le remariage de mon père. [7]
Que pense cette belle-mère du
parcours effectué à ce jour ? [8]
BOUAZZA
[1] Oukhtii Malika, ma soeur Malika.
[2] Oukhtii, ma sœur.
[3] Ma mère était la deuxième.
[4] Lui avait quinze ans de
plus qu’elle et il était déjà père de sept enfants (deux du premier mariage et
cinq du second).
Sept enfants pour qui elle est devenue ″khtii Malika″ ou ″khtii″
En épousant mon père, elle ignorait la situation.
Elle s’est trouvée dans une maison avec les sept
enfants, gardés par mon père après ses divorces (et pendant quelques mois avec
ma mère également qui n’était pas encore divorcée).
L’aîné des enfants n’avait que deux ans de moins
qu’elle.
[5] Et par erreur, je l’ai
vieillie de deux ans, je crois.
[6] Avant
ce mariage (qui s’est traduit par la naissance de deux enfants), mon père a eu
un enfant avec une autre femme.
Cet enfant porte son nom,
ce qui signifie au Maroc qu’en principe, un acte de mariage a été établi.
J’ai rencontré cet enfant
devenu adulte, à Paris où il est installé.
[7] Mort le samedi 4 octobre
2008, à l’âge de quatre-vingt six ans.
Ma mère est morte le samedi 28 juin 2008 à l’âge de
quatre-vingts ans.
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