samedi 1 juin 2013

AVEC AMOUR

Mon intérêt pour la cuisine remonte à l’adolescence.
C’est avec une de mes soeurs[1] que j’ai été initié à l’art culinaire.
Au départ, juste en la regardant cuisiner.
Aujourd’hui encore, en pensant à cette période, il m’arrive de nous voir ensemble dans la cuisine et je décide alors de préparer certains plats.
Je crois qu’elle m’a transmis le goût de rechercher l’esthétique dans la gastronomie et ses mets les plus simples.
C’est également avec elle que j’ai mieux compris, je pense, que la gastronomie peut renforcer le sens du partage.
Est-ce pour cela que j’ai longtemps rêvé d’ouvrir un petit restaurant ?
Allaah dans Sa miséricorde nous nourrit et nous éclaire sur la manière de nous alimenter.
Il nous enseigne aussi que la meilleure nourriture est la piété.[2]
Dans mon parcours dit « professionnel », j’ai eu à intervenir auprès de jeunes délinquants.
Il m’arrivait de donner des recettes de cuisine.
En pensant à tout cela ?
Je reprends, encore une fois, la recette, destinée à un mineur délinquant incarcéré, pour la préparation du « poulet aux aubergines »[3] :
Tu prends des aubergines (pas celles qui mettent des prunes aux caisses en stationnement interdit), tu les laves, tu coupes la queue (pas celle à laquelle tu penses), tu les partages en deux avec minutie (ou avec quelqu’un d’autre) et tu les mets dans l’eau salée.
Après, tu les épluches dans le sens de la longueur, en gardant à intervalles égaux, des parties de deux centimètres avec leur peau (c’est peut-être chiant, mais n’oublie pas que ta mère l’a fait mille et une fois avec amour).
Tu coupes en rondelles de deux centimètres d’épaisseur.
Tu étales sur un plat (oui, comme tu étales un pote qui t’emmerde)..
Tu saupoudres de sel fin au fur et à mesure afin qu’elles ne noircissent pas (même si tu es basané et que tu n’a rien contre les noirs).
Tu fais frire à l’huile bouillante d’arachide (de Rachiid[4] si tu préfères) ou d’olive (comme le prénom de ta copine de l’école primaire Jules Ferry[5], je me rappelle).
Tu fais frire des deux côtés.
Tu laisses égoutter.
Le poulet, (pas celui qui t’a arrêté pour agression contre les forces de l’ordre), tu le coupes, tu le mets dans une cocotte (non, pas celle que tu as vu dans un film) avec tout ce qu’il faut : safran, gingembre, poivre, sel, coriandre, huile et deux verres d’eau.
Cuisson a feu doux.
Le temps nécessaire.
Il faut laisser le temps au thon[6] disaient certains zé certaines, en oubliant qu’il en faut pour le poulet aussi.
En cours de cuisson, tu ajoutes un peu d’eau s’il en manque.
Lorsque c’est cuit, tu mets dans un plat avec la sauce autour.
Les aubergines sont au dessus du poulet (parfois c’est l’inverse, mais pour cette fois, c’est ainsi).
Tu sers chaud.
Au moment de manger, n’oublie pas de partager ce délice, d’être reconnaissant pour les bienfaits infinis que t’offre Allaah et de penser à ta mère qui sait mettre les saveurs de l’amour dans chaque plat et sans laquelle les « recettes de cuisine » ne valent rien.[7]
 
BOUAZZA


[1] Décédée en 1970 selon le calendrier dit grégorien, qu’Allaah la couvre de Sa miséricorde.
Elle était âgée de 28 ans.
[2] Attaqwaa.
[3] Latifa Bennani-Smires, la cuisine Marocaine, Casablanca (Maroc), Almadariss, 1983, P. 103.
[4] Rachid (le r roulé), prénom qui signifie sensé,raisonnable en arabe.
[5] Jules Ferry, le promoteur de l’école gratuite, laïque et obligatoire en France, n’a jamais cessé d’être l’un des pires soutiens du colonialisme.
Il soutenait, par exemple, que les races supérieures ont un droit sur les races inférieures […] qu’elles doivent civiliser […] et que les nations européennes s’acquittent avec largeur, grandeur et honnêteté de ce devoir supérieur de la civilisation (débats du 28 et 30 juillets 1885).
Et dès les premiers moments de son installation sur le trône du Palais de l’Élysée en mai 2012, le révolutionnaire de gauche, François Hollande qui a remplacé son alter ego, le révolutionnaire de droite Nicolas Sarkozy, s’est empressé de rendre un hommage Ré-pub-licain au colonialiste Jules Ferry.
[6] Pour ne pas admettre que rien n’a changé avec la gauche au pouvoir et que la gauche et la droite c’est bonnet blanc et blanc bonnet, François Mythe errant (Mitterrand), président de gauche de la République française de 1981 à 1995 aimait répéter avec ses commentateurs et tateuses du parti socialiste qu’ il faut laisser le temps au temps.
Ils prenaient des airs de je ne sais quoi pour parler du thon des sœurs Ise (le temps des cerises, une chanson de 1866 qu’ils cherchaient à faire passer pour une chanson de gauche de 1871, année du soulèvement populaire dit Commune de Paris).
La gauche ─ comme toutes les autres composantes de l’échiquier politique ─ n’est pas à une tromperie près !
Aujourd’hui, avec le révolutionnaire François Hollande, installé sur le trône du Palais de l’Élysée en mai 2012 pour remplacer son alter ego, le révolutionnaire de droite Nicolas Sarkozy, le bon vieux thon (le bon vieux temps) est de retour !

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