C’est avec une de mes soeurs[1] que
j’ai été initié à l’art culinaire.
Au départ, juste en la regardant
cuisiner.
Aujourd’hui encore, en pensant à
cette période, il m’arrive de nous voir ensemble dans la cuisine et je décide
alors de préparer certains plats.
Je crois qu’elle m’a transmis le
goût de rechercher l’esthétique dans la gastronomie et ses mets les plus
simples.
C’est également avec elle que
j’ai mieux compris, je pense, que la gastronomie peut renforcer le sens du
partage.
Est-ce pour cela que j’ai
longtemps rêvé d’ouvrir un petit restaurant ?
Allaah dans Sa miséricorde nous
nourrit et nous éclaire sur la manière de nous alimenter.
Il nous enseigne aussi que la
meilleure nourriture est la piété.[2]
Dans
mon parcours dit « professionnel », j’ai eu à intervenir auprès de jeunes
délinquants.
Il
m’arrivait de donner des recettes de cuisine.
En
pensant à tout cela ?
Je
reprends, encore une fois, la recette, destinée à un mineur délinquant
incarcéré, pour la préparation du « poulet aux aubergines »[3] :
Tu
prends des aubergines (pas celles qui mettent des prunes aux caisses en
stationnement interdit), tu les laves, tu coupes la queue (pas celle à laquelle
tu penses), tu les partages en deux avec minutie (ou avec quelqu’un d’autre) et
tu les mets dans l’eau salée.
Après,
tu les épluches dans le sens de la longueur, en gardant à intervalles égaux,
des parties de deux centimètres avec leur peau (c’est peut-être chiant, mais
n’oublie pas que ta mère l’a fait mille et une fois avec amour).
Tu
coupes en rondelles de deux centimètres d’épaisseur.
Tu
étales sur un plat (oui, comme tu étales un pote qui t’emmerde)..
Tu
saupoudres de sel fin au fur et à mesure afin qu’elles ne noircissent pas (même
si tu es basané et que tu n’a rien contre les noirs).
Tu fais
frire à l’huile bouillante d’arachide (de Rachiid[4]
si tu préfères) ou d’olive (comme le prénom de ta copine de l’école primaire
Jules Ferry[5], je me
rappelle).
Tu fais
frire des deux côtés.
Tu laisses
égoutter.
Le
poulet, (pas celui qui t’a arrêté pour agression contre les forces de l’ordre),
tu le coupes, tu le mets dans une cocotte (non, pas celle que tu as vu dans un
film) avec tout ce qu’il faut : safran, gingembre, poivre, sel, coriandre,
huile et deux verres d’eau.
Cuisson
a feu doux.
Le
temps nécessaire.
Il faut
laisser le temps au thon[6]
disaient certains zé certaines, en oubliant qu’il en faut pour le poulet aussi.
En
cours de cuisson, tu ajoutes un peu d’eau s’il en manque.
Lorsque
c’est cuit, tu mets dans un plat avec la sauce autour.
Les
aubergines sont au dessus du poulet (parfois c’est l’inverse, mais pour cette
fois, c’est ainsi).
Tu sers
chaud.
Au moment de manger, n’oublie pas
de partager ce délice, d’être reconnaissant pour les bienfaits infinis que
t’offre Allaah et de penser à ta mère qui sait mettre les saveurs de l’amour
dans chaque plat et sans laquelle les « recettes de cuisine » ne
valent rien.[7]
BOUAZZA
[1] Décédée en 1970 selon le
calendrier dit grégorien, qu’Allaah la couvre de Sa miséricorde.
Elle était âgée de 28 ans.
[2] Attaqwaa.
[3] Latifa Bennani-Smires, la
cuisine Marocaine, Casablanca (Maroc), Almadariss, 1983, P. 103.
[5] Jules
Ferry, ″le promoteur de l’école
gratuite, laïque et obligatoire″
en France, n’a jamais cessé d’être l’un des pires soutiens du colonialisme.
Il soutenait, par exemple,
que ″les races supérieures ont
un droit sur les races inférieures […] qu’elles doivent civiliser […] et que
les nations européennes s’acquittent avec largeur, grandeur et honnêteté de ce
devoir supérieur de la civilisation″
(débats du 28 et 30 juillets 1885).
Et dès les premiers moments
de son installation sur le trône du Palais de l’Élysée en mai 2012, le révolutionnaire
de gauche, François Hollande qui a remplacé son alter ego, le révolutionnaire
de droite Nicolas Sarkozy, s’est empressé de rendre ″un hommage Ré-pub-licain″
au colonialiste Jules Ferry.
[6] Pour
ne pas admettre que rien n’a changé avec la gauche au pouvoir et que la gauche
et la droite c’est bonnet blanc et blanc bonnet, François Mythe errant
(Mitterrand), président de gauche de la République française de 1981 à 1995
aimait répéter avec ses commentateurs et tateuses du parti socialiste qu’ ″il faut laisser le temps au temps″.
Ils prenaient des airs de
je ne sais quoi pour parler du thon des sœurs Ise (le ″temps des cerises″,
une chanson de 1866 qu’ils cherchaient à faire passer pour une chanson de ″gauche″
de 1871, année du soulèvement populaire dit ″Commune
de Paris″).
La gauche ─ comme toutes
les autres composantes de l’échiquier politique ─ n’est pas à une tromperie
près !
Aujourd’hui, avec le
révolutionnaire François Hollande, installé sur le trône du Palais de l’Élysée
en mai 2012 pour remplacer son alter ego, le révolutionnaire de droite Nicolas
Sarkozy, le bon vieux thon (le bon vieux temps) est de retour !
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