mercredi 5 juin 2013

MAISON À VENDRE

Sa mère est originaire du « pays froid où le soleil est chaud ».[1]
Son père, selon l’expression consacrée, est « français de souche ».
Elle est née peu de temps après le mariage de ses parents dont la séparation est vite arrivée.
Sa garde a été confiée au père[2] qui en a chargé ses parents.
Elle a ainsi été élevée[3] par ses grands-parents paternels.
Les années sont passées.
Des saisons ont succédé aux saisons.
Le temps s’est écoulé.
Les grands-parents ont vieilli.
La grand-mère, qui a la maladie d’alzheimer,[4] est maintenant placée, avec le grand-père, dans « un établissement médicalisé pour personnes âgées ».
Les frais sont élevés et imposent la mise en vente de la maison pour y faire face.
Elle est venue la voir avant qu’elle ne soit achetée.
Que dire de ce qui s’en va et comment parler de ce qui demeure ?
Que dire de ce qui cesse et comment parler de ce qui commence ?
Que dire de ce qui a été et comment parler de ce qui sera ?
Flots de pensées.
Averses d’images.
Afflux de sensations.
Larmes. [5]
 
BOUAZZA


[1] En parlant du Maroc où il était, de 1912 à 1925 selon le calendrier dit grégorien, le Résident Général du colonialisme français, le maréchal Louis Hubert Gonzalve Lyautey avait désigné ce pays, dans une des formules dont il avait le secret disent encore ses adorateurs, comme étant le pays froid où le soleil est chaud.
[2] La justice a tranché et a expliqué paraît-il, qu’elle ne voulait pas risquer que la mère kidnappe ses enfants pour retourner au bled.
Le droit de visite accordé à la mère était donc soumis à des règles plus que restrictives.
[3] Avec son frère aîné.
[4] Elle a perdu la mémoire et ne la reconnaît plus.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire