Je
l’ai vu une seule fois.
Il y
a de cela un certain temps.
Il
était accompagné de son épouse et de leur fille.[1]
Quelques
années plus tard, j’ai appris qu’il a eu une leucémie.
Je
l’ai contacté par « mail » et une relation s’est ainsi établie par
internet.[2]
Dernièrement,
n’ayant pas eu de ses nouvelles depuis plusieurs semaines, je l’ai contacté.
Après
les salutations d’usage, j’ai écrit, en gros, ceci :
Akhii,[3]
comment vas-tu?
Pas trop mal j'espère.
Mon épouse se joint à moi pour saluer toute la
famille, et invoquer Allaah afin que tout soit pour le mieux.
C’est son épouse qui a répondu, en précisant, après les
salutations d’usage :
D’après ton message, tu n es pas
au courant.
Mon époux est parti.
Allaah irhmo.[4]
Malgré nos espoirs et son long
combat contre la maladie, Allaah a décidé de le rappeler.
Il laisse un vide dans mon cœur
et dans celui de nos deux petites filles, mais alhamdolillaah,[5] C’est
la volonté de notre Créateur.
J’ai parcouru rapidement la suite, et j’ai écrit :
"Innaa lillaah wa innaa
ilayh raaji'oune"[6]
Nous n'étions pas au courant du
départ de notre frère: qu'Allaah le couvre de Sa miséricorde et nous accorde
une place avec lui au Paradis Suprême.[7]
Soyez endurants: Allaah Est avec
les endurants.[8]
Si vous avez besoin de nous,
n'hésitez jamais à nous le faire savoir.
Qu'Allaah nous pardonne, nous
éclaire et nous guide.
Quelques larmes silencieuses.
Ces « larmes sont-elles des perles de la pensée,
comme la rosée après une nuit noire : l’ultime de ce qu’un homme a pu
ressentir et penser et que sa plume n’a pas pu traduire en mots ? »[9]
BOUAZZA
[1] Ils ont eu une deuxième
fille.
[2] Qui a donné lieu, entres
autres, à cet échange par exemple :
- ʺMon cœur dit qu’il pense à
toi.
Mon cœur dit qu’il tient à
toi.
Mon cœur aimerait que tu sois
protégé.
Mon cœur aimerait que tu sois
aimé.
Mon cœur souhaiterait que tu
réussisses.
Mon cœur souhaiterait que tu
t’éloignes des vices.
Mon cœur s’apaise en te
disant ces mots, qu’Allaah t’accorde ce qu’il y a de plus beau.
Mon cœur te dit merci,
qu’Allaah te soutienne tout le long de ta vie et te garde une place au Paradisʺ.
- ʺL’émotion était tellement
forte à la lecture de ton message que mes larmes ont coulé.
Qu’Allaah fasse qu’elles
soient des larmes de miséricorde et nous couvre de Son Amourʺ.
- ʺLes larmes sont la preuve
du cœur pur, vivant, et une grande miséricorde d’Allaahʺ.
- ʺCiel bleu.
Soleil agréable.
Fleurs blanches du poirier.
Nouvelles pousses du néflier.
D’autres arbres retrouvent
leur parure
Des fleurs commencent à
embaumer le temps et l’espace.
Des graines continuent de
germer.
Des oiseaux émerveillés.
Comme moi.
Ravissement.
Ruissellement de paix.
Coulée de miséricorde.
Reconnaissance.
Les saisons succèdent aux
saisons.
Des vagues affluent et
refluent.
Des mots s’associent.
Des souvenirs s’assemblent.
Les Signes sont partout.
Aimer à retrouver la Raison.
Qu’Allaah nous couvre de Son
Amourʺ.
[3] Mon frère, en arabe dit
classique.
Khouya, en arabe dialectal au Maroc.
[4] Le ʺrʺ roulé, qu’Allaah
lui accorde la miséricorde.
[5] La louange est à Allaah.
[6] Nous sommes à Allaah et à
Lui nous retournons.
C’est une formule prononcée généralement par les croyants
et les croyantes lorsqu’un décès intervient.
Alqoraane
(Le Coran), sourate 2 (chapitre 2), Albaqara, La Vache, aayate 155 et aayate
156 (verset 155 et verset 156).
Kachriid
(le ʺrʺ roulé) note que ʺla formule de consolation citée dans le verset 156,
s’appelle ʺistirjaa’eʺ. Celui qui la prononce avec sincérité et conviction y
trouve en effet une réelle consolation dans les moments les plus difficiles.
Quand
on se rappelle qu’on est entièrement la propriété d’Allaah et que c’est vers
Lui que doit se faire notre retour, comment peut-on être écrasé de chagrin
devant la perte des biens éphémères de ce monde ? Quand Allaah nous
reprend un être cher ou un bien auquel nous sommes attachés, Allaah n’a fait
que récupérer ce qu’il nous a prêté par pure bonté de Sa part et sans aucune
contrepartie de la nôtre.
Que
pouvons-nous donner à Celui qui possède toute chose en exclusivité
totale ?ʺ
Salaah
Addiine Kachriid (Salah Eddine Kechrid), traduction du Qoraane (Coran),
Lobnaane (Liban), Bayroute (Beyrouth), éditions Daar Algharb Alislaamii,
cinquième édition, 1410 (1990), première édition, 1404 (1984).
Note
en bas de la page 30.
[7] Alfirdaws ala’laa (le ʺrʺ
roulé).
[8] Inna
Allaah ma’a assabiriine (le ʺrʺ roulé).
Alqoraane
(le Coran), sourate 8 (chapitre 8), Alanfaal, Le Butin, Les Dépouilles, aayate
46 (verset 46).
[9] Driss Chraïbi (Driis
chraaïbii), L’Homme du Livre, Balland-Eddif (Eddif, Maroc, 1994,
Balland, France, 1995), p. 85.
Voir :
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