Je reprends ce que j’ai écrit il y
a un certain temps, au sujet de certains moments de l’adolescence :
« Le soir, quelques gardiens
marocains des maisons des familles françaises qui étaient en métropole pour des
vacances,[1]préparaient ce qu’il
fallait pour la veillée.
Ils étendaient une longue natte
sous un olivier et installaient un petit
« brasero »[2] pour le feu de braises
nécessaire au thé à la menthe.
Mon frère, de presque deux ans mon
cadet. aimait aussi.
Ils parlaient peu.
Je buvais leur mots, avec le thé à
la menthe parfumé, chaud, bien sucré et généreusement offert.
J’étais un auditeur comblé.
Et sans me rendre compte, j’étais
comme un champ où les mots semés rencontraient ce qui était en moi, avant même
que je ne sois.[3]
Ainsi, la fusion des semences fait
germer, à travers le temps et l’espace, ce qui me permet de mieux saisir le
Sens et de renforcer le Lien.
Une germination qui fait que je me
souviens de Demain.[4]
Par moments, l’échange était
silencieux.
Nous partagions le silence et je
m’abandonnais à de somnolentes rêveries, interrompues hélas par un des gardiens
qui demandait, à mon frère et à moi, de regagner la maison pour dormir. Je
quittais à regret le champ d’olivier ».[5]
BOUAZZA
[1] C’était au début des années soixante (selon le
calendrier dit grégorien), peu de temps après l’octroi au Maroc, de
ʺl’indépendance dans l’interdépendanceʺ, par le colonialisme français.
ʺIndépendance dans l’interdépendanceʺ,ʺindépendance
nationaleʺ, ʺrévolution populaireʺ ou autres, statut octroyé par le système
colonialo-impérialo-sioniste, et qui s’est traduit dans les colonies par la
multiplication des "États" supplétifs, subordonnés avec plus ou moins
de zèle, de soumission et de servilité dans l’exécution des ordres des
métropoles et autres employeurs.
Ces "États" sont fondés
sur l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie, la corruption,
l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression,
l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture, l’enfermement, la négation de
l’être humain.
[2] Mjmr, mjmaar (les ʺrʺ roulé), kanoune.
[3]
″Et lorsque ton Seigneur tira des reins des fils
d’Aadame leur progéniture et les fit témoigner contre eux-mêmes : ″Ne suis-Je pas votre Seigneur ?″ Ils dirent : ″Si, nous en
témoignons″
Alqoraane (Le Coran), sourate 7 (chapitre 7), sourate
Ala’raaf, L’Enceinte du Paradis, Les Limbes, aayate 172 (verset 172).
Il s’agit du fameux pacte pris par Allaah sur la race
humaine dès sa création. C’est un acte de foi et d’allégeance selon lequel les
enfants d’Adame sur lui la bénédiction et la paix, reconnaissent et attestent
qu’Allaah est leur Seigneur-et-Maître en exclusivité et sans restriction
aucune.
Donc chaque être humain est lié à sa naissance par ce
pacte et s’il renie son Seigneur-et-Maître ou Lui donne quelque associé, il a
manqué à son engagement et commis la plus grosse injustice.
Salaah Addine Kachriid (Salah Eddine Kechrid), traduction
du Qoraane (Coran), Loubnane (Liban), Bayroute (Beyrouth), éditions Daar
Algharb Alislaami, cinquième édition, 1410 (1990), première édition, 1404
(1984), Note en bas de la page 221.
[4] La mémoire résonne au rythme de mots inoubliés.
Rythme qui vient d’avant notre présence ici-bas.
Rythme des couleurs originelles.
Rythme du Sens et du Lien.
Rythme des graines qui germent.
Rythme des invocations.
Rythme de la louange.
Rythme du souvenir de Demain.
Nous sommes à Allaah et à Lui nous retournons.
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