Driss
Chraïbi,[1] écrivain
d’origine d’Afrique,[2] est arrivé
en France en 1945[3] pour suivre des études
universitaires.
Il
s’est installé dans ce pays et y a vécu jusqu’à la fin de son existence ici-bas,
survenue le premier avril 2007 à l’âge de 81 ans.
Il
avait achevé ses études universitaires en France l’année où ma naissance a été
déclarée au Maroc, pays où sa naissance a été également déclarée vingt quatre
ans auparavant.
Lorsqu’il
avait débarqué en France, il n’avait pas encore vingt ans.
Comme
moi plus tard.
Sa
formation universitaire ne lui a pas servi à faire une carrière
professionnelle.
À
moi non plus.
D’autres
points communs peuvent être cités.
J’ai beaucoup lu cet écrivain.
J’aurais aimé le rencontrer pour échanger de vive voix
sur les croyants et les croyantes.[4]
Cela ne s’est pas fait.[5]
Dans un de ses écrits,[6]
il parle d’un père dans un moment difficile qui dit ne rien avoir à transmettre
à ces deux enfants et ajoute que tout ce qu’il peut faire, c’est de s’asseoir
entre eux sur le canapé.
J’avis sur l’écran de l’ordinateur une photo que je
regardais chaque fois que je faisais marcher cet appareil.
En la regardant, il m’arrivait de penser à l’écrivain.
Sur cette photo, prise durant l’été 1992, je suis sur le
canapé entre mes deux fils que je serre dans mes bras.
Être père est un bienfait qu’Allaah, dans Son Infinie
Générosité, m’a destiné avant même que je ne sois ici-bas.[7]
Je Lui suis reconnaissant et l’invoque pour qu’Il nous
couvre de Son Amour.
Je regardais la photo où apparaît sur le mur, une petite
partie d’une fine couverture blanche avec des motifs où le bordeaux domine et
d’autres traits colorés entre ces motifs.
L’écrivain a-t-il su être père ?
Après sa mort, une de ses petites-filles a déclaré
qu’elle aurait aimé le connaître.
Elle ne l’avait jamais vu. [10]
Il a
beaucoup écrit pour exprimer une sorte de nostalgie de l’enfance et appeler à
se souvenir de Demain.[11]
Quatre
vingt un ans après sa déclaration de naissance, il a été ramené au Maroc après
sa mort, pour y être enterré.[12]
« L’homme
naît, vit ce qu’il vit et meurt. Il faut être prêt pour la mort comme pour la
naissance ».[13]
BOUAZZA
[1]
Idriis Chchraaïbii (les ʺrʺ roulés).
[2]
Maghrib, Maroc ((le ʺrʺ roulés).
[3] Selon
le calendrier dit grégorien.
[4]
Almouminoune wa almouminaate.
[5] J’ai
pris l’initiative, en 1984 je crois, de lui adresser à l’Île d’yeu, en Vendée,
où il était installé, un de mes écrits, auquel il n’a répondu qu’au bout de quelques
mois, après relance, pour dire qu’il fallait ʺélaguerʺ..
J’ignorais lorsque je lui avais écrit, qu’il allait se
rendre au Maroc ─ que j’ai quitté ─ et y être reçu par des ʺofficielsʺ du
régime de l’imposture.
Mon frère aîné, ʺhaut fonctionnaire du ministère de
l’intérieurʺ à l’époque, ayant appris l’envoi de ma part du texte, avait chargé
une de nos sœurs de me contacter pour me demander, de sa part, de ne plus
remettre d’écrit à Chraïbi.
Celui-ci
m’avait avoué que lors de son voyage au Maroc, il avait fait la connaissance de
mon frère aîné.
Je
lui ai écrit, plus tard, dans les années 2000,
à Crest dans la Drôme, au sujet d’un travail à éditer sur
l’accomplissement de la prière en Islaam.
Il
s’est contenté de m’indiquer les coordonnées d’un éditeur au Maroc, que je n’ai
jamais contacté.
J’ai
envoyé par la suite à Chraïbi, un exemplaire de ce travail, édité en 2005, sur
disque compact (CD).
Je
n’ai pas reçu de réponse.
[7] ″Et lorsque ton Seigneur tira des reins des fils
d’Aadame leur progéniture et les fit témoigner contre eux-mêmes : ″Ne suis-Je pas votre Seigneur ?″ Ils dirent : ″Si, nous en
témoignons″
Alqoraane
(Le Coran), sourate 7 (chapitre 7), sourate Ala’raaf, L’Enceinte du Paradis,
Les Limbes, aayate 172 (verset 172).
Il s’agit du fameux pacte pris par Allaah sur la race
humaine dès sa création. C’est un acte de foi et d’allégeance selon lequel les
enfants d’Adame sur lui la bénédiction et la paix, reconnaissent et attestent
qu’Allaah est leur Seigneur-et-Maître en exclusivité et sans restriction
aucune.
Donc chaque être humain est lié à sa naissance par ce
pacte et s’il renie son Seigneur-et-Maître ou Lui donne quelque associé, il a
manqué à son engagement et commis la plus grosse injustice.
Salaah
Addine Kachriid (Salah Eddine Kechrid), traduction du Qoraane (Coran),
Loubnane (Liban), Bayroute (Beyrouth), éditions Daar Algharb Alislaami,
cinquième édition, 1410 (1990), première édition, 1404 (1984), Note en bas de la
page 221.
[8] Dont la femme rurale se pare à certaines occasions, en l’ajoutant au
dessus de ses vêtements, sur ses épaules.
[9] Son existence ici
bas s’est achevée le samedi 28 juin 2008.
Qu’Allaah la couvre de Sa miséricorde.
[10] Je ne sais pas s’il en a d’autres,
ni si ses autres petits-enfants l’ont vu.
[11] Des rythmes qui sont en
moi :
La mémoire résonne au rythme de mots inoubliés.
Rythme qui vient d’avant notre présence ici-bas.
Rythme des couleurs originelles.
Rythme du Sens et du Lien.
Rythme des graines qui germent.
Rythme des invocations.
Rythme de la louange.
Rythme du souvenir de Demain.
Nous sommes à Allaah et à Lui nous retournons.
[12] Á ddar lbida (le ʺrʺ
roulé), la maison blanche, Casablanca.
[13]
Driss Chraïbi (Idriis Chchraaïbii).
Mon
neveu, enseignant universitaire, journaliste, a qui le texte a été transmis
avant d’autres, m’a écrit dans un ʺmailʺ :
ʺMerci
pour ce beau texte sur un écrivain dont, grâce à toi, j’apprécie le style, le
ton et certaines thématiques. Il y a beaucoup de ressemblances entre toi et le
talentueux Driss Chraïbi, notamment le rapport au père, l’exil, le combat pour
la dignité, m^me si je sais que ton itinéraire et tes choix sont beaucoup plus
sincères, beaucoup plus cohérents que lui. Il demeure quand même des zones
d’ombre dans son parcours. Ses rapports avec son père ? Oui, comme toi
avec le tien, ils étaient difficiles, délicats avec, comme on dit, des hauts et
des basʺ.
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