Lorsque je suis à Turin en
Italie,[1] je ne
manque pas de me rendre à la « Via Garibaldi »[2] toute
droite, qui va jusqu’à la« Piazza Castello ».[3]
Une grande place dégagée, aérée
et baignée en été, avec d’autres endroits, par la « fraîcheur »[4] du
fleuve[5] qui
passe par la ville.
Sur la droite, en arrivant à
cette place, de nouvelles et très agréables arcades conduisent à la
« galleria subalpina » qui fait penser à une galerie de
« Milano »[6] et
encore plus à celle de « Den Haag ».[7]
Verrière, marbre, boutiques,
café-restaurant, plantes, théâtre et même cinéma.
L’étage du milieu sur les trois
qui composent cette galerie dispose d’un beau balcon qui en fait le tour.
La galerie débouche sur la
« Piazza Carlo Alberto » avec sur la droite le « museo nazionale
del risorgimento italiano »,[8]
faisant face à la « biblioteca nazionale »[9] et
sur « Via Cesare Battisti », « Via Carlo Alberto ».
Flots de pensées.
Averses d’images.
Afflux de sensations.
Sur la Place Carlo Alberto, des
enfants jouaient.
En courant, l’un d’eux a chuté.
Sa mère s’était précipité et
l’avait prise dans ses bras.
Comment apaiser les sanglots qui
le secouaient ?
Sa sœur qui le caressait se
posait peut-être cette question.
Un homme marchait.
Il avait l’air « ailleurs ».
Allait-il vers la rue Carlo
Alberto où il logeait ?[10]
Se remémorait-il ?
Il faisait froid.
Il était encore enfant[11]
lorsque son père a rejoint l’au-delà.
Il a vécu avec sa mère et sa
sœur.
Très jeune, il enseignait à
l’université.
Loin de sa mère et de sa sœur.
Pour des raisons dites de
« santé », il n’a pas continué cette activité longtemps.
Il fallait partir.
Dans sa marche, il se dirigeait
vers un cheval.
Le cheval d’un fiacre, rossé par
un cocher.
Arrivé à sa hauteur, il a enlacé
son encolure.
Un peu comme s’il voulait le
prendre dans ses bras pour l’apaiser.
Puis il a éclaté en sanglots et
s’est écroulé.
Il venait d’être foudroyé par la
« folie », avait-on dit.
Cet homme s’appelait Friedrich
Nietzsche.[12]
BOUAZZA
[1] Depuis de nombreuses années, je me rends en Italie
chaque fois que je le peux.
Avec
mon épouse (et au début avec nos deux fils), nous retrouvons sa cousine
paternelle, le mari de cette dernière et leur fille, installés à ″Torino″.
Nous
retrouvions aussi la ″nonna″ (la grand-mère
paternelle) dont l’existence ici-bas s’est achevée il n’y a pas très longtemps.
[2] La rue Garibaldi.
[3] Place du château.
Il y a un vieux château en
effet, mais il y a aussi le palais royal car ″Torino″ était une capitale au temps de la
monarchie.
[5] Le Pô
qu’il est possible de rejoindre au bout de la ″Piazza
Vittorio Veneto″ en suivant ″la via Po″.
Après le pont Vittorio sur
le Pô, des constructions sur les hauteurs arborées, ne se lassent pas de
contempler la ″Piazza″.
[6] Une galerie de Milan que
mon épouse, enfant, a vue en compagnie de ses parents.
[7] De la Haye en Hollande,
que nous avons vue, il n’y a pas longtemps.
[9] Bibliothèque nationale.
[10] Le bas de l’immeuble est
occupé par un restaurant.
[11] Il avait cinq ans.
[12] Philosophe allemand (15
octobre 1844 -25 août 1900 selon le calendrier dit grégorien).
L’épisode du cheval à la ″Piazza Carlo Alberto″
date du 3 janvier 1889.
Nietzsche a passé le
restant des jours de son existence ici-bas auprès de sa mère et de sa sœur et
n’a plus ni parlé, ni écrit.
J’ai déjà parlé de cela et
j’ai eu envie d’en reparler.
Voir :
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