mercredi 15 mai 2013

PRENDRE UN CHEVAL DANS LES BRAS



Lorsque je suis à Turin en Italie,[1] je ne manque pas de me rendre à la « Via Garibaldi »[2] toute droite, qui va jusqu’à la« Piazza Castello ».[3]
Une grande place dégagée, aérée et baignée en été, avec d’autres endroits, par la « fraîcheur »[4] du fleuve[5] qui passe par la ville.
Sur la droite, en arrivant à cette place, de nouvelles et très agréables arcades conduisent à la « galleria subalpina » qui fait penser à une galerie de « Milano »[6] et encore plus à celle de « Den Haag ».[7]
Verrière, marbre, boutiques, café-restaurant, plantes, théâtre et même cinéma.
L’étage du milieu sur les trois qui composent cette galerie dispose d’un beau balcon qui en fait le tour.
La galerie débouche sur la « Piazza Carlo Alberto » avec sur la droite le « museo nazionale del risorgimento italiano »,[8] faisant face à la « biblioteca nazionale »[9] et sur « Via Cesare Battisti », « Via Carlo Alberto ».
Flots de pensées.
Averses d’images.
Afflux de sensations.
Sur la Place Carlo Alberto, des enfants jouaient.
En courant, l’un d’eux a chuté.
Sa mère s’était précipité et l’avait prise dans ses bras.
Comment apaiser les sanglots qui le secouaient ?
Sa sœur qui le caressait se posait peut-être cette question.
Un homme marchait.
Il avait l’air « ailleurs ».
Allait-il vers la rue Carlo Alberto où il logeait ?[10]
Se remémorait-il ?
Il faisait froid.
Il était encore enfant[11] lorsque son père a rejoint l’au-delà.
Il a vécu avec sa mère et sa sœur.
Très jeune, il enseignait à l’université.
Loin de sa mère et de sa sœur.
Pour des raisons dites de « santé », il n’a pas continué cette activité longtemps.
Il fallait partir.
Dans sa marche, il se dirigeait vers un cheval.
Le cheval d’un fiacre, rossé par un cocher.
Arrivé à sa hauteur, il a enlacé son encolure.
Un peu comme s’il voulait le prendre dans ses bras pour l’apaiser.
Puis il a éclaté en sanglots et s’est écroulé.
Il venait d’être foudroyé par la « folie », avait-on dit.
Cet homme s’appelait Friedrich Nietzsche.[12]
 
BOUAZZA


[1] Depuis de nombreuses années, je me rends en Italie chaque fois que je le peux.
Avec mon épouse (et au début avec nos deux fils), nous retrouvons sa cousine paternelle, le mari de cette dernière et leur fille, installés à Torino″.
Nous retrouvions aussi la nonna(la grand-mère paternelle) dont l’existence ici-bas s’est achevée il n’y a pas très longtemps.
[2] La rue Garibaldi.
[3] Place du château.
Il y a un vieux château en effet, mais il y a aussi le palais royal car Torino était une capitale au temps de la monarchie.
[4] Il y a des jours en été où cette fraîcheur reste symbolique.
[5] Le Pô qu’il est possible de rejoindre au bout de la Piazza Vittorio Veneto en suivant la via Po.
Après le pont Vittorio sur le Pô, des constructions sur les hauteurs arborées, ne se lassent pas de contempler la Piazza.
[6] Une galerie de Milan que mon épouse, enfant, a vue en compagnie de ses parents.
[7] De la Haye en Hollande, que nous avons vue, il n’y a pas longtemps.
[8] Musée national de risorgimento italien.
[9] Bibliothèque nationale.
[10] Le bas de l’immeuble est occupé par un restaurant.
[11] Il avait cinq ans.
[12] Philosophe allemand (15 octobre 1844 -25 août 1900 selon le calendrier dit grégorien).
L’épisode du cheval à la Piazza Carlo Alberto date du 3 janvier 1889.
Nietzsche a passé le restant des jours de son existence ici-bas auprès de sa mère et de sa sœur et n’a plus ni parlé, ni écrit.
J’ai déjà parlé de cela et j’ai eu envie d’en reparler.
Voir :

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