Neuf grossesses.
Neuf accouchements.
Cinq enfants de ton premier mariage.
Trois filles et deux garçons.
Ta
confiance a été trahie.
Divorcée,
ton mari, mon père,[1]
de par sa position, a gardé les enfants.
J’avais trois ans.
Mon frère moins de deux ans.
Tu es retournée chez tes parents.
Des paysans pauvres.
Tu
ne savais plus sentir la lumière.
Les
feuilles s’étaient étiolées.
Les
branches s’étaient affaiblies.
L’arbre
était à l’agonie.
Mais
par la miséricorde d’Allaah, tu avais encore la sève.
Les
feuilles renaissent.
Les
branches se revitalisent.
L’arbre
consolide ses racines et s’élève dans les cieux.
Tu as épousé ton cousin.
Un paysan pauvre que j’ai toujours aimé.
Grossesses.
Accouchements.
Trois autres soeurs et un frère.
Flots
de pensées.
Averses
d’images.
Afflux
de sensations.
J’allais
te voir parfois.
Quelques
kilomètres en pleine campagne.
Jusqu’à
l’humble demeure.
Devancé
par mon cœur.
Je
fixe ton sourire.
Il
sent l’aube de la Vie.
Je te regarde pétrir.
Tes doigts fins caressent la pâte avec amour.
De
temps à autre, tu ajoutes une petite branche de bois dans le four fait par
toi-même.
Un
four de terre, en forme de bol renversé avec une ouverture devant pour allumer
le feu et introduire le pain à faire cuire, puis une ouverture au milieu pour
dégager la fumée.
Par
moments, la flamme éclaire ton visage et lui donne plus de chaleur.
Ton
silence m’a souvent dit l’essentiel.
Les
étoiles qui embellissent le ciel sont dans tes yeux.[4]
J’ai
mis du temps pour comprendre.
Que
dire de ce qui s’en va et comment parler de ce qui demeure ?
Que
dire de ce qui cesse et comment parler de ce qui commence ?
Que
dire de ce qui a été et comment parler de ce qui sera ?
Invocations.[5]
BOUAZZA
[1] Décédé le samedi 04
octobre 2008, selon le calendrier grégorien.
Il avait 86 ans.
[2] Souk, marché.
[3] Tiddas, au Maroc ( Maghrib).
[4] L’existence ici-bas de ma
mère s’est achevée le samedi 28 juin 2008, selon le calendrier dit grégorien.
Elle avait 80 ans.
[5] Je ne
fais que reprendre ce dont j’ai déjà parlé.
Voir :
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