Le 13ème jour du mois
de ramdaane 1434.[1]
Il a fait très chaud.
En rompant le jeûne à vingt et une heures quarante cinq minutes, j’ai
commencé par une datte et après la prière[2] du
Maghrib,[3] avant
de manger, j’ai beaucoup bu.
Un mélange d’eau gazeuse fraîche
et de jus d’orange frais.
C’est une composition de mon
épouse que nous apprécions lorsque nous avons une grande soif.
Auparavant, vers vingt heures,
j’ai donné à boire aux plantes du petit jardin de la maison où nous sommes
installés.
Un bonheur de sentir leur joie en
accueillant l’eau.
Il m’est déjà arrivé d’en parler.
Je ne me lasse pas en effet de
rappeler des souvenirs et certaines sensations liés à l’arrosage.
En arrosant, je redeviens un peu
un enfant dans un jardin à Taroudanete,[4] au
Maroc.
C’était en 1957-1958, je crois.[5]
Nous habitions une maison de
fonction avec un magnifique jardin.
Dans mes souvenirs, il est encore plus que cela.
Des fleurs de toutes les couleurs partout.
Des orangers, des citronniers, des bananiers, des arbres
dont je ne connais même pas le nom, des plantations diverses, variées.
Un enchantement.
Et la musique de l’eau.
De l’eau, Nous avons fait toute chose vivante nous dit
Allaah.[6]
Le jardin disposait d’un système d’irrigation fait de
« saagyaate ».[7]
La terre accueillait cette eau avec bonheur et j’étais
heureux de tenir compagnie aux plantes qui se désaltéraient avec joie.
Une bénédiction.
C’était le début du Maroc de
« l’indépendance dans l’interdépendance ».[8]
Mon père avait été nommé à un
poste « important » et nous habitions alors cette maison de fonction
avec le magnifique jardin.
Avant nous, la maison était
occupée par une famille de colonialistes de France.
La France, pays où je suis
installé dans la maison avec le bout de jardin.
J’arrose et je sens le bonheur des
plantes et de la terre accueillant l’eau avec reconnaissance.
Avec elles, je suis reconnaissant
à Allaah pour ce bienfait et pour tous les autres.
Et je suis heureux de partager la
joie de ces créatures qui se désaltèrent.
Il m’est arrivé plusieurs fois d’arroser
mes deux fils lorsqu’ils étaient enfants.
Ils en redemandaient.
Dernièrement je me suis arrosé
moi-même au jardin.
L’un de mes petits-fils était
à côté, assis dans l’eau.[9]
BOUAZZA
[1] 22 juillet 2013 selon le
calendrier dit grégorien.
[2] Salaate, salaa.
[5] Nous
avons presque toujours eu des maisons avec de beaux jardins, mais souvent,
c’est à celui de la maison de Taroudanete que je pense.
[6]
Alqoraane (Le Coran), sourate 21 (chapitre 21), Alanebiyaa-e, Les Prophètes,
aayate 30 (verset 30).
[7] Swaaguii, swaaqii, pluriel
de saagya, saaqya (qui irrigue, rigole).
[8] ″L’indépendance dans
l’interdépendance″ a été
octroyée au Maroc par le colonialisme français en 1956.
J’avais six ans.
Dans les colonies (même si
les colonialistes parlaient de protectorat pour le Maroc), ce statut s’est
traduit par la multiplication des "États" supplétifs, subordonnés
avec plus ou moins de zèle, de soumission et de servilité dans l’exécution des
ordres des métropoles et autres employeurs.
Ces "États" sont
fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie, la corruption,
l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression,
l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture, l’enfermement, la négation de
l’être humain.
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