jeudi 14 novembre 2013

COMMENT DIRE ?


Parfois, mes larmes coulent et je ne sais pas dire exactement pourquoi.
IL m’arrive, lorsqu’il ne m’est pas facile de trouver d’explication claire, de recourir à cette interrogation :
Ces « larmes sont-elles des perles de la pensée, comme la rosée après une nuit noire : l’ultime de ce qu’un homme a pu ressentir et penser et que sa plume n’a pas pu traduire en mots ? »[1]
Il a été rapporté qu’il y a plusieurs siècles à Almadiina,[2]’Omar Ibn Alkhattaab[3] qu’Allaah le bénisse, chef de l’État des croyants et des croyantes,[4] pleurait en regardant une personne absorbée dans des actes dits de « dévotion », alors que ces actes n’avaient rien à voir avec les prescriptions de l’Islaam.[5]
Des compagnons souhaitant faire cesser ses larmes, s’étaient empressés de lui faire remarquer que la personne ne s’interessait pas à l’Islaam.
Omar qu’Allaah le bénisse, a répondu que c’était pour cette raison qu’il pleurait, sachant que les œuvres d’une personne qui n’Adore pas Allaah l’Unique comme Il le demande, sont des œuvres vaines.[6]
Dois-je penser pareillement, lorsqu’une œuvre d’une personne qui n’est pas musulmane,[7] d’émotion, fait couler mes larmes ?
Dernièrement, j’ai noté qu’en écoutant « l’adagio »,[8] de Mozart,[9]j’ai « rencontré » beaucoup de ce que je ressens et que je cherche à partager.[10]
Lorsque nos petits enfants[11] sont à la maison et que mon épouse et moi les mettons au lit pour qu’ils se reposent, nous leur tenons un peu compagnie et leur faisons écouter des enregistrements qui, pensons-nous, les apaisent et les aident à dormir sereinement.
Le premier enregistrement est le chapitre[12] d’Alqoraane,[13] intitulé « Arrahmaane,[14] puis des chansons pour enfants.
Entre les enregistrements du chapitre du Coran et des chansons, je viens de mettre l’enregistrement de « l’adagio » de Mozart et peut-être qu’un jour, nos petits enfants sauront mieux exprimer ce que je n’arrive pas à expliquer aujourd’hui.
Ai-je senti, sans savoir l’exprimer, ces mots écrits par le défunt écrivain que j’ai beaucoup lu ?
« Le luth, il le fit glisser sur ses genoux en un geste très lent, comme s’il se fût agi d’un enfant endormi. Les cordes, il les effleura du bout des doigts pour les réveiller. Puis il leur fit donner de la voix, à plein. Et voici : le passé rejoint le présent, l’instrument devient aussi vivant que l’arbre plein de sève qui lui a jadis offert son bois. Quatre cordes en boyau de chat, tendues à rompre. Placée au centre, la cinquième est en crin de cheval tressée : le bourdon. Naissant à partir de ce bourdon et y revenant à intervalles réguliers, à la fois pour y mourir et pour en renaître, monte la langue de la vie, musicale charnellement, monte, scande et bat selon l’alternance du jour et de la nuit, selon le déroulement des saisons, le flux et le reflux de tous les océans du monde, le déferlement des vents issus des quatre horizons du ciel, danse la mélodie de l’arbre du Destin, danse et vibre en flots ininterrompus de pulsations l’éternité sans durée. Sans néant ».[15]
Qu’Allaah m’éclaire et me guide.[16]

 BOUAZZA


[1] Driss Chraïbi (Driis chraaïbii), L’Homme du Livre, Balland-Eddif (Eddif, Maroc, 1994, Balland, France, 1995), p. 85.
[2] Yathrib, Yatribe, Médine.
[3] Compagnon de Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix.
Lorsqu’il a été désigné pour être le chef de l’État des croyants et des croyantes , tout en acceptant de servir et d’assumer ses responsabilités, il n’a pas manqué de s’interroger sur la politique à suivre afin d’assurer au mieux sa fonction dans le respect du Message d’Allaah.
Il a exprimé en public sa crainte devant cette lourde tâche et sa peur de faillir à son devoir vis à vis des croyants et des croyantes.
Dans l’assistance, des personnes l’ont rassuré et lui ont fait savoir que tout manquement à sa mission serait combattu, au besoin par les armes.
Après les avoir écoutés, ‘Omar a remercié Allaah qui a fait de lui un membre de cette prodigieuse Omma (communauté, matrie) d’Alqoraane et d’Assonna (du Coran et de ce qui se rapporte au comportement de Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix, chargé par Allaah de continuer et de finir la mission confiée aux Prophètes et aux Messagers précédents, sur eux la bénédiction et la paix) et de transmettre à l’humanité, Alqoraane qui est la synthèse, la continuation et le parachèvement du Message.
Aujourd’hui, et depuis des lustres, l’État des croyants et des croyantes n’existe plus, nulle part.
[4] Almouminoune wa almouminaate.
[5] L’Islaam depuis Aadame (Adam) sur lui la bénédiction et la paix, consiste à faire de son mieux pour Adorer Allaah, comme Allaah le demande.
[6] Et ceux qui traitent de mensonges Nos signes et la rencontre de l’au-delà, leurs œuvres sont vaines
Alqoraane (le Coran), sourate 7 (chapitre 7), Ala’raaf (le ″r″roulé), aayate 147 (verset 147).
Et ceux qui ont mécru, leurs œuvres sont comme un mirage dans une plaine désertique que l’assoiffé prend pour de l’eau jusqu’à ce qu’il l’atteigne, ne trouve rien et trouve Allaah auprès de lui qui lui règle son compte. Et Allaah Est prompt à compter. Ou comme des ténèbres dans une mer profonde, surmontée de vagues superposées ainsi que d’un nuage. Ténèbres les unes au dessus des autres, quand il sort sa main il ne la voit presque pas. Celui a qui Allaah n’a pas donné de lumière n’a pas de lumière.
Alqoraane (Le Coran), sourate 24 (chapitre 24), Annour (le r roulé), La Lumière, aayate 39 et aayate 40 (verset 39 et verset 40).
[7] Moslima.
[8] Tout doucement.
[9] Un des trois mouvements du concerto de clarinette en  la  majeur, composé très peu de temps avant sa mort.
Avait-il senti ce dont il ne s’était pas préoccupé auparavant ?
[10] Ce morceau a fait coulé mes larmes et je n’ai pas trouvé les mots pour l’expliquer.
Mozart n’était pas Moslime (musulman), est-ce parce que j’ai senti de la dévotion dans cette œuvre, que j’ai  pleuré ?
Que disait vraiment Mozart avec l’adagio(Tout doucement) ?
Seul Allaah connaît l’intimité des cœurs.
[11] Qui ont un peu plus d’un an et demi.
[12] Sourate, soura (le r roulé).
[13] Le r roulé, Le Coran
[14] Le r roulé, Le Clément, Le Très Miséricordieux.
[15] Driss Chraïbi (Driis Chraaïbii), L’homme qui venait du passé, Paris, Denoël, p. 122.

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