Parfois, mes larmes coulent et je
ne sais pas dire exactement pourquoi.
IL m’arrive, lorsqu’il ne m’est
pas facile de trouver d’explication claire, de recourir à cette
interrogation :
Ces
« larmes sont-elles des perles de la pensée, comme la rosée après une nuit
noire : l’ultime de ce qu’un homme a pu ressentir et penser et que sa
plume n’a pas pu traduire en mots ? »[1]
Il a été rapporté qu’il y a
plusieurs siècles à Almadiina,[2]’Omar
Ibn Alkhattaab[3] qu’Allaah le bénisse, chef
de l’État des croyants et des croyantes,[4]
pleurait en regardant une personne absorbée dans des actes dits de « dévotion »,
alors que ces actes n’avaient rien à voir avec les prescriptions de l’Islaam.[5]
Des compagnons souhaitant faire
cesser ses larmes, s’étaient empressés de lui faire remarquer que la personne ne
s’interessait pas à l’Islaam.
Omar qu’Allaah le bénisse, a
répondu que c’était pour cette raison qu’il pleurait, sachant que les œuvres
d’une personne qui n’Adore pas Allaah l’Unique comme Il le demande, sont des
œuvres vaines.[6]
Dois-je penser pareillement,
lorsqu’une œuvre d’une personne qui n’est pas musulmane,[7]
d’émotion, fait couler mes larmes ?
Dernièrement, j’ai noté qu’en
écoutant « l’adagio »,[8] de
Mozart,[9]j’ai
« rencontré » beaucoup de ce que je ressens et que je cherche à
partager.[10]
Lorsque nos petits enfants[11] sont
à la maison et que mon épouse et moi les mettons au lit pour qu’ils se
reposent, nous leur tenons un peu compagnie et leur faisons écouter des
enregistrements qui, pensons-nous, les apaisent et les aident à dormir
sereinement.
Le premier enregistrement est le
chapitre[12] d’Alqoraane,[13]
intitulé « Arrahmaane,[14] puis
des chansons pour enfants.
Entre les enregistrements du
chapitre du Coran et des chansons, je viens de mettre l’enregistrement de
« l’adagio » de Mozart et peut-être qu’un jour, nos petits enfants
sauront mieux exprimer ce que je n’arrive pas à expliquer aujourd’hui.
Ai-je senti, sans savoir
l’exprimer, ces mots écrits par le défunt écrivain que j’ai beaucoup lu ?
« Le luth, il le fit glisser sur ses genoux en un
geste très lent, comme s’il se fût agi d’un enfant endormi. Les cordes, il les
effleura du bout des doigts pour les réveiller. Puis il leur fit donner de la
voix, à plein. Et voici : le passé rejoint le présent, l’instrument
devient aussi vivant que l’arbre plein de sève qui lui a jadis offert son bois.
Quatre cordes en boyau de chat, tendues à rompre. Placée au centre, la
cinquième est en crin de cheval tressée : le bourdon. Naissant à partir de
ce bourdon et y revenant à intervalles réguliers, à la fois pour y mourir et
pour en renaître, monte la langue de la
vie, musicale charnellement, monte, scande et bat selon l’alternance du
jour et de la nuit, selon le déroulement des saisons, le flux et le reflux de
tous les océans du monde, le déferlement des vents issus des quatre horizons du
ciel, danse la mélodie de l’arbre du Destin, danse et vibre en flots
ininterrompus de pulsations l’éternité sans durée. Sans néant ».[15]
Qu’Allaah m’éclaire et me guide.[16]
BOUAZZA
[1] Driss
Chraïbi (Driis chraaïbii), L’Homme du Livre, Balland-Eddif (Eddif,
Maroc, 1994, Balland, France, 1995), p. 85.
[2]
Yathrib, Yatribe, Médine.
[3]
Compagnon de Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et
la paix.
Lorsqu’il a été désigné
pour être le chef de l’État des croyants et des croyantes , tout en acceptant
de servir et d’assumer ses responsabilités, il n’a pas manqué de s’interroger
sur la politique à suivre afin d’assurer au mieux sa fonction dans le respect
du Message d’Allaah.
Il a exprimé en public sa
crainte devant cette lourde tâche et sa peur de faillir à son devoir vis à vis
des croyants et des croyantes.
Dans l’assistance, des
personnes l’ont rassuré et lui ont fait savoir que tout manquement à sa mission
serait combattu, au besoin par les armes.
Après les avoir écoutés,
‘Omar a remercié Allaah qui a fait de lui un membre de cette prodigieuse Omma
(communauté, matrie) d’Alqoraane et d’Assonna (du Coran et de ce qui se
rapporte au comportement de Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la
bénédiction et la paix, chargé par Allaah de continuer et de finir la mission
confiée aux Prophètes et aux Messagers précédents, sur eux la bénédiction et la
paix) et de transmettre à l’humanité, Alqoraane qui est la synthèse, la
continuation et le parachèvement du Message.
Aujourd’hui, et depuis des
lustres, l’État des croyants et des croyantes n’existe plus, nulle part.
[4] Almouminoune wa
almouminaate.
[5]
L’Islaam depuis Aadame (Adam) sur lui la bénédiction et la paix, consiste à
faire de son mieux pour Adorer Allaah, comme Allaah le demande.
[6] ″Et ceux qui traitent de
mensonges Nos signes et la rencontre de l’au-delà, leurs œuvres sont vaines″
Alqoraane (le Coran),
sourate 7 (chapitre 7), Ala’raaf (le ″r″roulé), aayate 147 (verset 147).
″Et ceux qui ont mécru, leurs œuvres sont comme un
mirage dans une plaine désertique que l’assoiffé prend pour de l’eau jusqu’à ce
qu’il l’atteigne, ne trouve rien et trouve Allaah auprès de lui qui lui règle
son compte. Et Allaah Est prompt à compter. Ou comme des ténèbres dans une mer
profonde, surmontée de vagues superposées ainsi que d’un nuage. Ténèbres les
unes au dessus des autres, quand il sort sa main il ne la voit presque pas.
Celui a qui Allaah n’a pas donné de lumière n’a pas de lumière″.
Alqoraane (Le Coran),
sourate 24 (chapitre 24), Annour (le ″r″ roulé), La Lumière, aayate 39 et
aayate 40 (verset 39 et verset 40).
[7] Moslima.
[8] Tout doucement.
[9] Un des trois mouvements du concerto de clarinette en la majeur, composé très peu de temps avant sa mort.
Avait-il
senti ce dont il ne s’était pas préoccupé auparavant ?
[10] Ce morceau a fait coulé
mes larmes et je n’ai pas trouvé les mots pour l’expliquer.
Mozart n’était pas ″Moslime″ (musulman), est-ce parce que j’ai senti de la dévotion
dans cette œuvre, que j’ai pleuré ?
Que disait vraiment Mozart avec ″l’adagio″ (Tout doucement) ?
Seul Allaah connaît l’intimité des cœurs.
[11] Qui ont un peu plus d’un
an et demi.
[15] Driss Chraïbi (Driis Chraaïbii), L’homme qui
venait du passé, Paris, Denoël, p. 122.
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