Lorsque mes parents se sont séparés, tous les deux se sont remariés et ont eu d’autres enfants.
Pour mon père, ce fut le troisième mariage, et pas le dernier.
Avec sa première épouse, il a eu deux enfants, un garçon et une fille,
gardés par lui en divorçant de leur mère.
Les cinq enfants, trois filles et deux garçons qu’il a eu avec ma mère, sa deuxième épouse, ont également été gardés par lui lorsqu’il a divorcé.
Avec sa troisième femme, il a eu huit enfants.
Ma mère a épousé en deuxième et dernières noces son cousin et ont vécu en paysans pauvres, pleins d’humilité, généreux, fidèles, solidaires, dignes, nobles.
Ils ont eu quatre enfants.
Trois filles et un garçon.
Mes sœurs et mon frère.
J’aimais leur humble demeure.
Je m’y rendais autrefois, devancé par mon cœur.
Aujourd’hui, elle est en ruines.
Depuis un certain temps déjà.
Le berger, mon frère, est très attaché à la terre et a une relation « fusionnelle » avec son troupeau.
Il connaît le cheptel et le cheptel le connaît.
Au décès de son mari, ma mère n’avait pas tardé à s’installer chez son fils, le berger, mon frère, qui a un logement avec son épouse et leurs enfants, dans un village non loin de la terre où elle était installée.
Un jour, ou peut-être une nuit, en m’imaginant de retour sur les ruines de l‘humble demeure, autrefois habitation de ma mère, de son époux et de leurs enfants, j’ai écrit :
Des os fléchissent en moi et ma tête est allumée de blancheur.
Emmitouflé, je contemple les ruines de ce qui était une humble demeure paysanne.
Que dire de ce qui a été ?
Je regarde ce qui reste de ce qui servait de cuisine où je lui tenais compagnie pendant qu’elle préparait à manger.
J’aimais plus particulièrement la voir pétrir.
Elle faisait un pain qui était toujours partagé.
Ces doigts fins caressaient la pâte avec amour.
En s’occupant du feu, elle ajoutait de temps à autre une branche de bois dans le four en terre cuite, fait par elle-même.
La flamme donnait alors à son regard plus d’éclat et à son visage plus de chaleur.
Lorsqu’elle quittait la cuisine, elle se mettait en face d’une colline et semblait ailleurs.
Les étoiles qui embellissaient le ciel étaient dans ses yeux.
Son silence disait l’Essentiel.
J’ai mis du temps avant de comprendre.
Flots de pensées.
Averses d’images.
Afflux de sensations.
Je sens que quelque chose d’humide coule sur ses joues et effleure mes lèvres.
J’aimerais tant que mes larmes, comme l’eau qui s’infiltre dans la terre pour atteindre les racines de l’arbre, irriguent encore et encore les graines de ma foi pour que germent partout des fleurs.
Le fils aîné de ce frère berger, a accédé à l’université.
Des enfants de parents pauvres, comme mon neveu, arrivent à y accéder, en dépit des obstacles et obtiennent des diplômes.
Mais souvent, avec leurs diplômes, ils vont grossir les rangs des diplômés sans emploi, des diplômés qui quittent le pays ou qui veulent le quitter, des diplômés méprisés, intimidés, ridiculisés, humiliés.
Cela ne signifie pas que des diplômés ne contribuent pas à maintenir le régime de l’imposture qui sévit au Maroc, en se lançant dans le pillage, le vol, l’usurpation, la corruption, le mensonge, la tromperie, la tricherie, la fraude, la débauche, les divers trafics et en rejoignant ceux qui ont usé et usent de verbiages stériles, de phraséologies creuses, de discours lamentables, de dialectiques minables pour cultiver le faux, entretenir l’injustice et la turpitude.
Cela ne veut pas dire non plus, qu’il n’y a pas de diplômés qui continuent la résistance.
Je pensais à tout cela pendant que je marchais.
En mettant un pied devant l’autre, j’ai fini par atteindre « almasjid ».
Le thème de « alkhotba » avant « salaate aljoumou’a » était sur « almayte ».
La fin de l’existence ici-bas.
Le commencement de la Vie de l’au-delà.
Il m’arrive, avant ou après cette prière, d’appeler ce frère berger, dont le téléphone portable, par la miséricorde d’Allaah, nous aide à garder le contact.
Notre mère a passé les dernières années de son existence ici-bas, avec lui.
La mort des parents entraîne souvent des problèmes, multiples et variés, liés à la question de l’héritage.
Ces enfants ont eu recours à l’usurpation pour voler notre père pendant son existence ici-bas et se sont attribué des « droits » qu’ils continuent d’exercer sur ce qui ne leur appartient pas.
« Ô vous qui croyez, pratiquez constamment la justice et soyez témoins pour Allaah fût-ce contre vous-mêmes ou contre vos père et mère et les proches parents. S’il s’agit d’un riche ou d’un pauvre, Allaah Est plus apte à les prendre en considération et ne suivez pas les passions afin de ne pas dévier de la justice. Si vous tournez (autour de la vérité) ou que vous vous refusiez (à la dire), Allaah Est au courant de ce que vous faites ».
Je n’ai jamais pensé que le décès de ma mère pouvait un jour, entraîner des « histoires » de « succession », pour la seule et bonne raison que ma mère n’a jamais rien possédé.
Elle avait un insignifiant lopin de terre
dont elle ne s’est jamais préoccupée et que le berger, son fils devait peut-être labourer.
Aussi, lorsqu’une de mes sœurs m’a demandé dernièrement de lui envoyer la même attestation que celle que j’ai adressée à notre belle-mère afin que « le règlement de la succession » de notre mère ne soit pas bloqué, je n’en revenais pas.
Je lui ai envoyé le document, accompagné du mot suivant :
Chers sœurs et frères de notre défunte mère,
Afin de ne pas bloquer le règlement du dossier relatif à un bout de terre qu’Allaah, dans Sa miséricorde, a accordé à notre défunte mère, je vous adresse une attestation relative à mon désistement en votre faveur, de tout ce qui pourrait me revenir, de ce que notre défunte mère a laissé en quittant l’impermanence d’ici-bas, pour la permanence de l’au-delà.
Notre défunte mère, qu’Allaah la couvre de Son Amour, était très attachée à notre frère
et la réciproque était vraie.
Elle a passé les dernières années de son parcours dans ce monde avec lui et lui avec elle.
Il est resté, poursuit le travail de la terre et s’occupe d’élevage, à l’instar de son défunt père, qu’Allaah déverse sur lui Sa miséricorde.
Moi-même, j’ai cédé à notre frère, au décès de notre mère, une somme d’argent que j’avais sur un compte bancaire qui servait principalement à transmettre, mensuellement, à notre défunte mère, de quoi faire face à des besoins vitaux depuis la mort de son cher époux.
Pour un peu tout cela, j’ai pensé que vous étiez en mesure de vous mettre d’accord, afin que ce bout de terre soit laissé sous l’autorité de notre frère, qui sera tenu de ne pas le vendre, ni de l’aliéner et que ce lopin de terre, restera comme un symbole de votre union dans la Voie d’Allaah.
Mais encore une fois, j’ai sous-estimé l’attrait des biens matériels qui fait que mon idée n’est pas prise en considération.
J’ai l’habitude.
Je vous souhaite de faire de votre mieux afin que ce lopin de terre ne soit pas la cause d’aggravation de divisions et qu’Allaah nous pardonne, nous éclaire et nous guide.
J’ai demandé à cette sœur qui m’a demandé l’envoi de l’attestation, de ne plus me parler de cette question.
Âgée de six ans de plus que moi, elle aime avoir à s’occuper de questions de cette nature.
Elle a passé des années dans des procédures après son divorce pour que son fils ne soit pas « lésé » et récupère « sa part des biens de son père ».
Ce père était le fils d’un collaborateur local du colonialisme français au Maroc.
En échange de « bons et loyaux services », ce collaborateur s’est constitué un « patrimoine » provenant du dépouillement des populations de la région Zmmour
de Lkhmiçaate.
À la fin de l’existence ici-bas du serviteur du colonialisme, ses « biens » usurpés ont été « partagés » entre des membres de la « famille élargie ».
Les enfants, dont celui qui allait devenir le premier mari de ma sœur, ont eu leur « part ».
Ma sœur qui a divorcé peu de temps après son mariage, s’est lancée dans un maquis dit « juridique » et s’est familiarisée avec les règles du système usurpateur
de « l’indépendance dans l’interdépendance »,
afin d’assurer à l’enfant né de son mariage et dont elle a eu la garde, « ses droits sur les biens de son père ».
Le temps s’est écoulé.
Le premier mari a quitté l’existence ici-bas.
J’ai demandé à ma sœur d’abandonner les « biens »
devenus sa « propriété »
en lui « rappelant », encore une fois, que ces « biens » proviennent du dépouillement des populations par le colonialisme français et ses collaborateurs locaux comme le grand-père de son fils.
Elle a trouvé mon attitude « insultante » et a mis fin à nos contacts déjà réduits, contacts que j’ai essayé de rétablir il y a plusieurs mois, suite à un accident vasculaire cérébral,
de son mari.
BOUAZZA
Il recourt à des falsifications, à des magouilles, à des manipulations et à des combines depuis des lustres et s’épuise dans de lamentables échafaudages pour essayer de les camoufler.
C’est ainsi qu’il a fait quitter le Maroc à sa mère, pour la retenir chez lui en France où il est installé et en faire une vielle veuve "indigène indigente" de la colonie, qui touche des "secours" de la métropole, pendant qu’il organisait la vente de la maison qu’il a usurpée au Maroc et dans laquelle vivait sa mère.
Après la vente, il s’est payé, avec une partie du magot, deux propriétés, dont un petit logement dans lequel il a consenti à placer sa mère qu’il n’a pas pu retenir en France.
Il espère, bien entendu, récupérer ce logement le plus rapidement possible.