Lorsque
j’étais collégien, j’ai vécu un certain temps avec elle, son époux et leurs
enfants[3] à
Lkhmiçaate.[4]
C’est
chez elle qu’il m’est arrivé de cuisiner, pour la première fois je crois.
Elle
m’a beaucoup transmis dans le domaine culinaire.
J’ai
appris en la regardant faire.
Elle
m’encourageait à préparer des plats, et était contente de voir que je me
débrouillais assez bien.[5]
Mais
c’est en France que je me suis mis plus sérieusement à cuisiner.
Et
dans ce domaine, j’ai gardé « le don » de « tout » évaluer
à l’oeil.
Je
ne goûte jamais en cuisinant.
Il
m’arrive toutefois, de demander à mon épouse de le faire car pour elle, il est
« inconcevable » de préparer à manger, sans goûter plusieurs fois.
Cuisiner,
ce n’est pas seulement préparer un mets.
C’est
observer, réfléchir, se remémorer, cultiver des sensations, transmettre, partager,
offrir, témoigner sa reconnaissance au Seigneur des univers.[6]
C’est
un parcours à travers le temps et l’espace.
Un
contact avec des êtres, des sons, des images, des couleurs, des parfums, des
goûts, et autres.
Je
pense à ma soeur, à ma mère,[7] à mon
épouse,[8] aux
femmes qui savent ce que cuisiner veut dire, qui mettent les saveurs de l’amour
dans chaque plat, et sans lesquelles les « recettes de cuisine » ne
valent rien.
Qu’Allaah
déverse sur nous Son infinie générosité, et nous aide à faire de notre mieux
pour l’Adorer,[9]
comme Il le demande.
Qu’Allaah
nous guide sur le droit chemin, le chemin de ceux qu’Il a comblés de bienfaits,
non de ceux qui ont encouru Sa colère, ni des égarés.[10]
Qu’Allaah
fasse que nous soyons parmi ceux et celles qui suivent Sa Voie, pour mériter
d’être cette âme sereine dont Il dit :
« Ô âme sereine. Retourne à ton Seigneur satisfaite et
donnant satisfaction.[11] Entre
parmi Mes serviteurs. Et entre dans Mon Paradis ».[12]
BOUAZZA
[1]
Selon le calendrier dit grégorien.
[2] J’avais
vingt ans, j’étais en France pour des études universitaires, et personne ne m’a
informé de ce décès, ʺpour ne pas perturber mes étudesʺ.
[3]
Mes neveux.
[4]
Khémisset.
[5]
Au Maroc, il n’est pas habituel qu’un garçon se mette à cuisiner.
[6]
Rabb al’aalamiine (le ʺrʺ roulé).
[7] Á l’humble habitation paysanne lorsque je lui rendais
visite, de longues années après qu’elle ait été divorcée, quand j’avais à peine
trois ans, par son premier époux, mon père, qui de par son ʺpouvoirʺ, lui a
arraché ses cinq enfants.
Je la retrouvais avec son deuxième époux, et leurs
enfants (mes autres soeurs et frère).
Je m’y rendais, devancé par mon cœur.
Je partais du souq de Tiddaas, à travers la campagne.
Á pied ou à dos de mulet.
Dans ce qui servait de cuisine, je lui tenais
compagnie pendant qu’elle préparait à manger, en donnant à cette activité une
profondeur que je peux qualifier de spirituelle.
[8] Préparant
des plats de toutes sortes que certaines personnes, qui n’accordent aucun
intérêt au sens profond du culinaire, ne savent que dévorer.
[9]
Adoration, ‘ibaada.
[10]
Alqoraane (Le Coran), sourate 1 (chapitre 1), Alfaatiha, aayate 6 et aayate 7
(verset 6 et verset 7).
[12]
Alqoraane (Le Coran), sourate 89 (chapitre 89), Alfajr (le ″r″
roulé), L’Aube, aayate 27 à aayate 30 (verset 27 au verset 30).
Je
ne fais que reprendre ce dont j’ai déjà parlé plus d’une fois.
Voir :
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