lundi 3 août 2015

Á L’OEIL


Une de mes soeurs est décédée en 1970,[1] à l’âge de 28 ans.[2]
Lorsque j’étais collégien, j’ai vécu un certain temps avec elle, son époux et leurs enfants[3] à Lkhmiçaate.[4]
C’est chez elle qu’il m’est arrivé de cuisiner, pour la première fois je crois.
Elle m’a beaucoup transmis dans le domaine culinaire.
J’ai appris en la regardant faire.
Elle m’encourageait à préparer des plats, et était contente de voir que je me débrouillais assez bien.[5]
Mais c’est en France que je me suis mis plus sérieusement à cuisiner.
Et dans ce domaine, j’ai gardé « le don » de « tout » évaluer à l’oeil.
Je ne goûte jamais en cuisinant.
Il m’arrive toutefois, de demander à mon épouse de le faire car pour elle, il est « inconcevable » de préparer à manger, sans goûter plusieurs fois.
Cuisiner, ce n’est pas seulement préparer un mets.
C’est observer, réfléchir, se remémorer, cultiver des sensations, transmettre, partager, offrir, témoigner sa reconnaissance au Seigneur des univers.[6]
C’est un parcours à travers le temps et l’espace.
Un contact avec des êtres, des sons, des images, des couleurs, des parfums, des goûts, et autres.
Je pense à ma soeur, à ma mère,[7] à mon épouse,[8] aux femmes qui savent ce que cuisiner veut dire, qui mettent les saveurs de l’amour dans chaque plat, et sans lesquelles les « recettes de cuisine » ne valent rien.
Qu’Allaah déverse sur nous Son infinie générosité, et nous aide à faire de notre mieux pour l’Adorer,[9] comme Il le demande.
Qu’Allaah nous guide sur le droit chemin, le chemin de ceux qu’Il a comblés de bienfaits, non de ceux qui ont encouru Sa colère, ni des égarés.[10]
Qu’Allaah fasse que nous soyons parmi ceux et celles qui suivent Sa Voie, pour mériter d’être cette âme sereine dont Il dit :
« Ô âme sereine. Retourne à ton Seigneur satisfaite et donnant satisfaction.[11] Entre parmi Mes serviteurs. Et entre dans Mon Paradis ».[12]

BOUAZZA




[1] Selon le calendrier dit grégorien.
[2] J’avais vingt ans, j’étais en France pour des études universitaires, et personne ne m’a informé de ce décès, ʺpour ne pas perturber mes étudesʺ.
[3] Mes neveux.
[4] Khémisset.
[5] Au Maroc, il n’est pas habituel qu’un garçon se mette à cuisiner.
[6] Rabb al’aalamiine (le ʺrʺ roulé).
[7] Á l’humble habitation paysanne lorsque je lui rendais visite, de longues années après qu’elle ait été divorcée, quand j’avais à peine trois ans, par son premier époux, mon père, qui de par son ʺpouvoirʺ, lui a arraché ses cinq enfants.
Je la retrouvais avec son deuxième époux, et leurs enfants (mes autres soeurs et frère).
Je m’y rendais, devancé par mon cœur.
Je partais du souq de Tiddaas, à travers la campagne.
Á pied ou à dos de mulet.
Dans ce qui servait de cuisine, je lui tenais compagnie pendant qu’elle préparait à manger, en donnant à cette activité une profondeur que je peux qualifier de spirituelle.
[8] Préparant des plats de toutes sortes que certaines personnes, qui n’accordent aucun intérêt au sens profond du culinaire, ne savent que dévorer.
[9] Adoration, ‘ibaada.
[10] Alqoraane (Le Coran), sourate 1 (chapitre 1), Alfaatiha, aayate 6 et aayate 7 (verset 6 et verset 7).
[11] Raadiya mardiya (les r roulés).
[12] Alqoraane (Le Coran), sourate 89 (chapitre 89), Alfajr (le r roulé), L’Aube, aayate 27 à aayate 30 (verset 27 au verset 30).
Je ne fais que reprendre ce dont j’ai déjà parlé plus d’une fois.
Voir :


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