lundi 20 avril 2015

BAGUI

Ils m’appellent tous les deux Bagui.
C’est le plus jeune,[1] d’un mois et demi, qui m’a prénommé ainsi.
Le plus âgé[2] a adopté cette appellation.
Pour eux, cela veut dire grand-père, puisque je suis leur grand-père.
C’est un fabuleux bienfait d’Allaah d’avoir des petits-enfants.[3]
Flots de pensées.
Averses d’images.
Afflux de sensations.
Des souvenirs s’assemblent.
Des pensées se rassemblent.
Des mots s’associent.
Ravissement.
Ruissellement de paix.
Reconnaissance.
Mes petits enfants renforcent en moi le parfum de l’aube de la vie, et parfois, par le simple fait de me regarder, ils savent me redire le cycle fabuleux, la voie du destin de chaque être et donc de l’enfant, qui n’appartient ni au père, ni à la mère, et qui doit accomplir ce pourquoi il est ici-bas, en attendant de rejoindre l’au-delà.
Quand ils sont ensemble à la maison, leur bonheur à de délicieuses saveurs.
Et lorsque parmi les divers mets qu’ils apprécient, un tajiine[4] par exemple leur est servi, ce bonheur se traduit aussi par :
- Encore de la vianda[5] Bagui.
Pour des frites, c’est :
- Encore des fritos Bagui.
Mes amigos,[6] dont mon épouse, leur grand-mère, parlerait beaucoup mieux que moi, me communiquent souvent ce qui parfois se perd avec l’âge dit « adulte » et qu’ils m’offrent généreusement : l’affection.
En regardant avec eux des vidéos sur internet, je suis heureux d’observe leur fascination, de sentir leur émerveillement, et de partager leurs émotions.
C’est comme lorsque je les accompagne au parc, au manège et ailleurs : je voudrais que ces moments durent encore et encore.
Se cacher lorsque les parents, ou d’autres personnes sonnent, fait partie des jeux appréciés.
L’un utilise un coin du salon comme cachette, et l’autre aime se mettre avec moi sous une couverture sur le divan ;
Mais bien que d’accords pour tenir longtemps cachés,[7] ils ne peuvent s’empêcher de se "dénoncer" presque aussitôt, dans des rires communicatifs.
Il m’arrive cependant de ne pas les supporter parfois, et de vouloir leur départ de la maison. C’est rare, mais je l’ai senti pendant une période où j’étais très affaibli par une infection qui a duré des semaines en me provoquant une toux persistante, où j’avais du mal à dormir et même à m’allonger, et durant laquelle je devais par ailleurs effectuer analyses et examens préparatoires pour une intervention chirurgicale.
Dans des moments pareils, ils ont un sens inné pour capter que « Bagui n’est plus Bagui » : comment demander pardon à mes amigos ?
Le plus âgé, un "fan" de chocolat, a un frère qui va avoir un an dans deux mois et demi ine chaa-e Allaah,[8] et qui a déjà le sens de la communication.
Je l’accueille souvent avec le mot « watikilimimi »,[9] auquel j’avais recours avec son frère et son cousin.
Ce mot lui plaît et sa joie me va droit au coeur : qu’Allaah soit remercié pour cette miséricorde,[10] et pour tout le reste.


BOUAZZA




[1] Enfant de mon fils aîné et de son épouse.
[2] Enfant de mon fils cadet et de son épouse.
[3] Les bienfaits d’Allaah sont innombrables, et il nous est impossible de les compter.
[4] Tajine.
Plat de viande, de légumes, de sauce avec de la coriandre et des épices (un ragoût).
[5] Comme moi, ils aiment la viande, qu’ils appellent comme moi, la ʺviandaʺ.
[6] Je les appelle ainsi pour dire mes amis, et ça leur plaît.
[7] Les parents ou les autres personnes informées se prêtent au jeu.
[8] Seul Allaah sait s’il va y avoir d’autres petits enfants, et si je serai encore de ce monde pour partager des moments avec eux.
[9] Mot affectueux sorti tout droit de mon coeur.

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